La Ligue Guadeloupéenne de Football (LGF) a annoncé le 16 avril 2021 le départ de Frédéric Bodineau, directeur du Centre Élite des Régions Françaises d’Amérique (CERFA) pour raisons familiales. Quel bilan après deux années passées à la tête d’un des projets les plus ambitieux du sport local ?
Nous sommes lundi, le week-end a été chargé après un déplacement à Marie-Galante pour affronter l’Amicale Club dans le cadre des play-down de la Régionale 1, pourtant, les 38 pépites du CERFA sont sur le terrain synthétique du CREPS, à l’écoute des exercices déclinés par Frédéric Bodineau et son staff. Le ton du technicien est bienveillant mais ne cache pas la précision de ses consignes.
C’est l’un des derniers entraînements de Bodineau rappelé en France pour des raisons personnelles. Il quitte donc un projet qu’il a aidé à mettre sur pied et à orchestrer alors que les exigences étaient particulièrement fortes.
“Nous sommes partis de rien, même si nous avions du courage, des bons jeunes et la volonté politique locale et nationale avec l’accord de la fédération Française de Football (FFF). En un an, nous avons réussi à mettre plusieurs choses en place au niveau du lycée, donner des habitudes d’entraînement, et fédérer les autres territoires (*NDLR Martinique, Guyane, Mayotte et bientôt Saint-Pierre et Miquelon)”
Le CERFA est né de la volonté conjuguée des trois ligues de football des départements Français (Guadeloupe / Martinique / Guyane). L’idée était de repérer leurs meilleurs éléments pour les rassembler dans une structure capable de leur offrir l’apport technique, logistique et scolaire, leur permettant de se présenter face aux clubs professionnels de l’Hexagone et de l’Amérique du Nord. Avec une dizaine de jeunes essentiellement originaires de la Guadeloupe en 2019, la détection 2020 a permis d’identifier 16 jeunes entre 16 et 18 ans de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane qui viennent compléter la première détection.
L’entrée en Régionale 1
En dehors de la coordination des trois départements, c’était une autre phase majeure à négocier. D’abord réussir à se faire accepter dans le championnat par les autres clubs, mais aussi et surtout passer à une logique de centre de formation avec l’impact que ça comporte sur la programmation des semaines chez les jeunes. De ce point de vue, le bilan n'est pas à dresser à partir du tableau des scores (le CERFA occupe la dernière place de la Poule B en R1) mais les objectifs techniques identifiés et la progression permise par les rencontres.
“ Les jeunes voient bien que nous avons des indicateurs de maîtrise : le nombre de passes à faire par possession par exemple. Dans un premier temps, nous en étions à 1 ou 2 dès que nous avions le ballon et désormais nous dépassons les trois passes en moyenne avec des séquences à plus de 10 ou 12 passes. Il y avait aussi le nombre de fois où on arrive à mettre le ballon au-delà des 16 mètres, le nombre de tirs vers le but. Tout cela leur permet, au-delà du score qui est la vérité du match, d’avoir des indicateurs qui encourageait à persévérer et à développer de la confiance.”
Et puis il y a aussi la différence de niveau entre le championnat jeune (que connaissent les recrues) et les Régionales 1 et 2 qui sont les fiefs des seniors.
Pari scolaire réussi
Et puis, il y a hors du terrain. Là aussi, le bilan est positif pour Frédéric Bodineau, d’autant plus que c'est le troisième pilier fort du concept CERFA, sur lequel Jean Dartron, proviseur du LGT Baimbridge dont l’internat accueille certaines recrues, et Président de la LGF, pose un regard très attentif.
“Nous avons deux joueurs qui vont passer le bac, pour l’un ce sera plus facile que pour l’autre, mais il ne devrait pas y avoir de problème. Et puis nous avons des joueurs avec d’excellentes moyennes donc la cohérence entre scolarité et carrière sportive est un objectif que nous avons réussi.”
Après le bac, encore faut-il trouver des clubs. C’est chose faite pour deux pensionnaires du CERFA, Zoran Moco qui part à Dijon (Ligue 1) pour deux ans, et Lorenzo Didon pour qui ce sera l’université canadienne de Laval. Le projet CERFA prend donc forme, et le successeur de Frédéric Bodineau, dont le recrutement est lancé et qui devrait prendre ses fonctions à la rentrée prochaine, devrait embarquer dans un train bien en marche.