Bahia Frediani ne l’a jamais eu facile. Cette surfeuse, championne de France en 2019, est une battante. Elle a dû créer sa place dans un univers ultra-compétitif et montrer sa détermination à marquer de son nom la discipline. Portrait.
Un souvenir, caractérise à lui seul, toute la jeune carrière de Bahia Frediani dans le surf de haut niveau. Celui de son père, debout sur cette plage de la commune Hossegor, dans les Landes, la regardant sortir de l’eau, l’index levé. Un geste qui lui indique qu’elle vient de remporter le titre de championne de France de surf Junior, et, par un pied de nez du destin, face à toutes celles qui venaient d’intégrer l’équipe de France, alors que sa propre candidature n’avait pas été retenue par les recruteurs. « Et toc »… dit le destin. Mais c’est ça Bahia, un vrai talent, un style unique, mais aussi l’obligation d’aller arracher par ses performances et sa détermination sa carrière professionnelle.
Pourtant, sur le papier, tout joue en sa faveur. La jeune Guadeloupéenne a vécu dans l’eau quasiment toute sa vie. Il fallait bien suivre le rythme de son père, surfeur et de sa mère, bodyboarder. Les deux parents remarquent très vite les facilités de leur enfant pour les sports de glisse et décident de la pousser à considérer une vraie carrière.
Travail et incompréhension
Dès lors, Bahia suit le parcours classique de l’athlète de sport études. En 4ème, elle prend des cours particuliers à distance pour avoir un planning scolaire qui lui permette de se concentrer sur ses entraînements. Elle le fait si bien, qu’elle finit par être détectée par les techniciens du CREPS Antilles-Guyane qui lui proposent d’intégrer le Pôle Espoir de la structure.
"Elle comble le déficit de confiance par l’entraînement et enchaîne une programmation exigeante qui l’amène à surfer entre quatre et six jours par semaine. C’est la bonne stratégie. Elle s’ouvre les portes de l’équipe de France et participe à ses premiers championnats de France en 2018."
Mais c’est surtout une porte d’entrée vers le sport de haut niveau Français. Là-bas, la compétition est plus drue, les filles se battent pour arriver à occuper les premières place du podium. Il faut exister rapidement, surfer mieux, montrer plus vite ses compétences, et pour Bahia, qui n’a pas toujours confiance en elle, il faut se révéler, s’endurcir, conquérir. Elle comble le déficit de confiance par l’entraînement et enchaîne une programmation exigeante qui l’amène à surfer entre quatre et six jours par semaine. C’est la bonne stratégie. Elle s’ouvre les portes de l’équipe de France et participe à ses premiers championnats de France en 2018. Elle n’y passera cependant qu’une saison.
En 2019, alors que tout semble jouer en sa faveur, elle se voit refuser une nouvelle qualification parmi les représentantes Françaises. Pourtant, elle a gagné en expérience, s’entraîne dur, et obtient de bons résultats en compétition. Si elle ne comprend pas la décision des recruteurs, elle continue néanmoins à s’entraîner et, aux championnats de France de cette saison, elle fait face aux surfeuses de cette équipe qui lui a fermé les portes. Aucune revanche dans son surf, mais la volonté de montrer qu’elle peut être la meilleure.
S’imposer chez les pro
Le titre de championne de France suivi d’une nomination de meilleure jeune sportive 2019 décernée par le CROSGUA, c’est bien, mais le niveau international c’est mieux. Une seule solution, continuer de performer pour atteindre les Challengers puis le World Championship Tour. Pour que cette vision se réalise, il faudra passer par les Qualifying Series qui se tiennent en ce moment, du 18 au 23 mai, au Caparica Surf Fest Pro qui se déroule au Portugal. Le challenge a été compliqué par 15 mois d’arrêt en raison de la pandémie, mais là encore Bahia compte bien s'imposer par son style.