Elles ont un parcours, certes un peu différent, mais une chose les rassemble, l'envie de performer au plus haut niveau de l'ovalie Hexagonale. Sorties de Guadeloupe, elles tracent leur bonhomme de chemin. Direction le haut niveau. Rencontre.
À quel âge as-tu commencé le rugby ? Qu’est-ce qui t’ a poussé à pratiquer ce sport à haut niveau ?
Lauraly Dedy : « J’ai commencé le rugby vers l’âge de 16 ans, j’étais une athlète mais je faisais du rugby à côté grâce à un professeur qui m'a proposé d'essayer. J’ai donc fait une première saison avec les garçons.
Je n'avais pas prévu de jouer à haut niveau, je ne connaissais pas le rugby quand je faisais de l’athlétisme. C'est bien grâce à ce professeur, Alexis Grosset, que j'ai eu la force d'aller plus loin dans le rugby et ce n'était pas gagné car je n'allais pas beaucoup à l'école en raison de problèmes personnels. J'ai dû faire preuve de force mentale.
Louen Laramy : Le rugby est un sport que j' ai connu grâce à mon père. Nous allions souvent le voir jouer en Guyane avant que nous n'arrivions en Guadeloupe. J'ai une amie qui jouait au rugby et qui voulait arrêter. Pour la pousser à continuer, je m'y suis mise aussi, mais nous avons fini par nous séparer, moi pour aller au CREPS et elle pour rester en club à Saint-François. Mais le rugby repose sur des valeurs qui sont chères à mon coeur.
Mon envie d'aller plus loin m'a poussé à envisager le haut niveau, d'autant qu'en Guadeloupe j'avais le sentiment d'avoir tout vu. J'avais donc envie de voir ce que les clubs et la formation de l'Hexagone pourraient m'apprendre.
OSM : Quels ont été les changements majeurs lorsque tu as quitté la Guadeloupe pour rejoindre la métropole ?
Lauraly Dedy : Je suis née à Sarcelles et je suis partie à 8 ans, du coup je connaissais déjà la France où, d'ailleurs, j'ai encore de la famille. Mais tout de même, j'ai subi le dépaysement car il n'y a pas beaucoup d'ultramarins dans mon équipe. J'avais un peu l'impression d'être une extraterrestre et quelques temps, j'ai ressenti de la solitude. Mais le pire ça reste l'hiver, ce froid auquel j'ai du mal à m'adapter. Niveau rugby, j'ai tout réappris, je pratique un nouveau jeu.
Louen Laramy : Un peu comme Lauraly, les changements les plus difficiles sont familiaux. Je suis partie à 16 ans, toute ma famille est restée en Guadeloupe et je n'avais personne sur Montpellier. Mon seul parent, dans le coin était ma grand-mère et elle habite à une heure de route, alors que je n'avait pas le permis. Tous ces facteurs familiaux ont rendu la séparation très difficile pour moi.
OSM : As-tu un modèle, une personne qui t’inspire pour bâtir ta carrière sportive ?
Lauraly Dedy : Je n'avais pas forcément de modèle, je voulais juste allée au bout de ce sport pour faire le maximum possible.
Louen Laramy : Je n’ai pas forcément d'inspiration précise mais j'aime beaucoup la mentalité fidjienne, nous l'aimions beaucoup mon père et moi et c'est un peu ce qui m'inspire le plus.
OSM : Combien de temps consacres-tu à ta passion par semaine ? As-tu le statut de sportive de haut niveau ?
Lauraly Dedy : Cette année j’ai arrêté ma formation STAPS car elle ne me plaisais plus. En fait, je compte reprendre les cours l’année prochaine. Mais, pour le moment, je travaille en tant qu’administratif sportif dans une école. Ainsi, j’ai beaucoup de temps pour moi, pour payer mon permis par exemple.
Sportivement, je m’entraîne tous les matins du lundi au mercredi de 8 heures à 10 heures et demie pour des séances individuelles. Les entraînements collectifs se font le mardi, le mercredi et le vendredi de 18h15 à 21h30, plus des matchs le week-end.
Louen Laramy : Pas mal de temps car on a entraînement le mardi soir de 19h à 21h et le jeudi pareil ensuite on a des horaires de musculation d' une heure on peut aller jusqu'à trois muscu mercredi on a une heure de physique et une heure de ligne puis le dimanche on a compétition.
J'avais le statut de sportive de haut niveau quand j'étais à l'Académie et je suis sur un modèle similaire avec la FFR.
OSM : Comment géres-tu le stress ou la montée d’adrénaline les grands jours ?
Lauraly Dedy : Pour moi c'est particulier, je suis sensible et j'ai un trouble de l'attention. Cela implique que je me laisse facilement distraire et que j'ai du mal à gérer mes émotions. Du coup, le stress des grands matchs peut me causer des crises d'angoisse. Depuis, mon encadrement a mis en place un sophrologue et un préparateur mental qui m’a aidé à gérer tous ces émotions. Ils m’ont donnés des conseils et des exercices pour m’aider à me canaliser avant un match.
Louen Laramy : En général, je vais voir les capitaines ou des filles que je sais qu'elles pourront me rassurer.
OSM : D’après toi quelles sont les qualités requises pour être une bonne rugbywoman ? Ces qualités vous aident-elles dans vos études ?
Lauraly Dedy : La première chose est d’être persévérante. C'est fondamental car sans cela, ta carrière est compromise. Il faut être patient et ne jamais perdre de vue son objectif.
C'est d'ailleurs parce que j'ai appris ces leçons que je compte reprendre mes études.
Louen Laramy : Je suis assez d'accord avec Lauraly, le travail paye toujours. Mais il faut aussi du mental, ne jamais rien lâcher. Il faut prendre du plaisir, simplement, et puis cultiver le respect, de soi-même, de ses coéquipiers de l'arbitre et de l'adversaire.
Ses qualités m'aident pour mes études. C'est compliqué, je suis à la fac, il faut que j'étudie le soir sauf que j'ai entraînement, je redouble d'efforts pour avoir L3 car j'ai déjà eu ma L1 et ma L2.
OSM : Quels sont tes projets, tes perspectives sportives ?
Lauraly Dedy : J’ai décidé de faire une école d’infirmière l’année prochaine car j’ai toujours voulu aider les gens depuis jeune. Sur le plan sportif, je vais essayer de donner le maximum - pour être repérer par les sélectionneurs pour Macoussis et du pôle France : c’est mon objectif. J'aimerais aussi m'adapter à ma nouvelle équipe et vivre de belles choses avec elle.
Louen Laramy : Mon objectif principal est de m'améliorer. Je trouve que depuis que je suis arrivée à Montpellier, j'ai un peu stagné. J'ai envie d'être championne de France avec l'équipe. Tout est possible, l'année dernière j'étais top 40 de France moins de 20 donc pourquoi pas le refaire et être sélectionnée pour aller dans l'équipe de France moins de 20.